Le trail porte depuis des décennies l’image d’un sport enraciné dans la nature sauvage et préservée. Cette représentation coexiste désormais avec des inquiétudes réelles sur l’empreinte écologique et sociale de la discipline.
La croissance des pratiques et l’essor des voyages lointains redéfinissent les contours du trail contemporain. Ce constat impose une synthèse pratique, présentée ci‑dessous sous A retenir :
A retenir :
- Essor massif du tourisme sportif et transport aérien associé
- Image nature valorisée sur réseaux sociaux et Strava
- Multiplication d’événements et hausse de l’empreinte carbone locale
- Montée d’initiatives locales et pratiques de sobriété
Croissance du trail et mythe du sport nature
À partir de ces constats, l’essor du trail révèle une complexité moins romantique que l’image partagée. Cette section examine l’évolution des pratiquants, des motivations sociales et des effets collectifs sur les territoires.
Origines et essor récent du trail
Ce point éclaire les origines et l’explosion récente des pratiquants, souvent liée aux médias numériques. Selon la Fédération française d’athlétisme, plus de 1,4 million de personnes pratiquent le trail en France, chiffre révélateur.
La pratique attire des profils divers, souvent urbains et cherchant l’échappée hors ville. Selon l’Observatoire du running 2025, le trail est défini clairement comme un sport de masse en croissance soutenue.
Facteurs d’expansion récents :
- Visibilité médiatique par réseaux sociaux et influenceurs
- Offres de séjours tout compris à l’étranger
- Croissance d’événements nationaux et internationaux
- Recherche d’expériences fortes et esthétiques
Type de déplacement
Émission indicative
Remarque
Paris — La Réunion
~2,5 t CO₂ par passager
Vol long-courrier très émetteur
Vol long-courrier moyen
Émission élevée
Comparatif qualitatif
Train régional
Émission faible
Soutenable localement
Déplacement local à vélo ou marche
Émission négligeable
Solution de proximité
Conséquences sociétales du boom du trail
Ce développement génère des effets sociaux contrastés, entre dynamisme territorial et effets de consommation. Beaucoup cherchent un prestige social via des « souvenirs frime » visibles sur Strava et Instagram.
« On veut avoir un impact sociétal réel et minimiser notre empreinte carbone »
Olivier H.
Conséquences sociales :
- Hausse de la fréquentation des espaces sensibles
- Pression locale sur sentiers et biodiversité
- Économie touristique parfois déconnectée des territoires
- Renforcement d’une image de consommation sportive
Ces dynamiques se traduisent par des demandes de voyages lointains, sujet du chapitre suivant. L’enjeu suivant sera d’analyser l’empreinte carbone liée au tourisme sportif.
Tourisme sportif et empreinte carbone du trail
Ce passage vers le tourisme alourdit la facture carbone du trail, surtout pour les voyages lointains et les séjours organisés. L’analyse porte sur les émissions directes et les réponses proposées par le secteur.
Voyages lointains et chiffres clés
Ce sous-axe mesure l’impact des déplacements sur le bilan global des événements et des stages. Selon Reporterre, les stages all inclusive et les voyages lointains multiplient les émissions liées au transport aérien.
Illustrations chiffrées et comparatives :
- Aller-retour Paris–La Réunion estimé à 2,5 t CO₂
- UTMB 2024 déclaré à 18 600 t CO₂ au total
- Vols long-courrier responsables d’une large part des émissions
- Voyages locaux beaucoup moins impactants en train
Événement / trajet
Émission connue
Observation
UTMB (2024)
18 600 t CO₂
Principalement transport des participants
Paris — La Réunion
~2,5 t CO₂
Exemple de vol très émetteur
Séjour trail court en France
Émission modérée
Accès possible en train
Stage all inclusive lointain
Émission élevée
Dépend du nombre de participants
Compensation carbone et limites
Ce point débat des réponses proposées par organisateurs et agences pour réduire l’impact. Selon le Réseau Action Climat, les dispositifs de compensation ne remplacent pas les réductions recommandées par le Giec.
« Si on me propose de courir à La Réunion demain, je saute dans le premier avion »
Claudie L.
Pratiques défensives :
- Réduction du nombre d’événements et limitation des participants
- Promotion d’options d’acheminement bas carbone
- Incitation au séjour en France et accès en train
- Soutien à circuits locaux et économie solidaire
Ces débats montrent la nécessité d’actions concrètes et vérifiables, qui seront détaillées dans la suite sur les pratiques sobres. Le prochain thème porte sur des réponses locales et sectorielles.
Vers des pratiques plus sobres et locales
Suite à l’analyse des impacts, plusieurs pistes locales émergent pour réduire les effets négatifs et renforcer l’engagement citoyen. Cette section présente des initiatives de clubs, stations et fabricants pour une pratique durable.
Initiatives de clubs et stations de trail
Ce point illustre comment les acteurs de proximité limitent l’empreinte et mobilisent des communautés. Le club Métropole Trail Nature Villeneuve-d’Ascq met en place des actions concrètes et mesurées depuis plusieurs années.
« On veut éveiller les consciences, mobiliser, fédérer, encourager, féliciter »
Olivier H.
Actions locales concrètes :
Tri et recyclage de matériel, achats régionaux, limitation des adhésions, opérations de nettoyage régulières.
- Recyclage de chaussures et bâtons
- Achat de matériel local et durable
- Participation au World Clean Up Day
- Organisation d’événements accessibles en train
Action
Impact attendu
Exemple
Recyclage matériel
Réduction des déchets
Métropole Trail Nature VDA
Achats locaux
Baisse d’émissions liées au transport
Fournisseurs régionaux
Nettoyages collectifs
Amélioration de l’état des sentiers
World Clean Up Day
Stations accès train
Meilleure desserte bas carbone
Stations en Loire et Alpes
Matériel, marques et comportements responsables
Ce point relie équipement et choix de consommation, essentiels pour augmenter la durabilité de la pratique. Les marques influentes ont un rôle à jouer dans la durabilité et la réparation.
- Salomon, Hoka One One, The North Face, Raidlight
- Compressport, Columbia Montrail, Dynafit, Garmin
- Oxitis et Julbo pour éclairage et lunettes
- Préférence pour seconde main et réparation
« Je ne vois pas de contradiction à aller s’entraîner au Kenya »
Dorian L.
Changer les comportements implique des choix collectifs, économiques et individuels cohérents. Adopter la réparation, la location et le train comme priorité constitue une voie concrète à suivre.
La pratique du trail peut redevenir plus sobre à condition d’aligner valeurs et actions. Le passage à l’échelle dépendra de la régulation, des acteurs locaux et des choix de consommation.